Puisqu'il existe une journée de la Femme et une fête des Mères ; il existe bel et bien aussi une journée de la Pauvreté. Un jour de la Précarité. Oui ! Il s'agit du 17 octobre, Journée Mondiale de la Misère. Nous n'allons pas causer de tous ces autres jours où elle n'est pas l'honneur ni sur le devant de la scène, non... not today. Fait exprès ? Fatale prédestinée ? Étrange synchronisme ? Cette Journée dite « de la Misère » tombe le jour de mon anniversaire ! Mais bah, qu'importe !
« L'immoralité est à nos portes ! »
« On prêche une haine de l'étranger ! »
« On masque le vol de ceux qui nous ont spolié ! » (…)
Flashback : ce jour d'anniversaire, sans grande audace, je fêtais mes 27 ans à la Fondation Abbé Pierre de Metz. Ce matin-là, au point d'accueil d'urgence, les salariés volontaires (et j'en profite ici pour saluer Anissa, Clément et les autres) servent comme à leur habitude, à tous, le petit déjeuner. Roumain, arabe ou serbe ; punk à chien, indigent ou ex-taulard. Ou bien même ex-taulier d'un bar qui aurait connu la faillite : l'accueil -et l'on y tient- à la Fondation est inconditionnel !
Chacun, dans la nécessité, celle d'un mauvais jour ou celle de plus longue durée, les portes de la Fondation lui sont ouvertes. Totalement gratuitement, il peut y bénéficier d'un petit-déjeuner, mais aussi de la bagagerie où déposer ses valises. Le « sans-abri » peut prendre une douche, faire une toilette et prendre un peu soin de lui, profitant peut-être d'un Kit d'Hygiène de la Croix-Rouge (une brosse à dent, du savon, deux ou trois choses indispensables). Bref, c'est un lieu où s'alléger un moment du fardeau pesant de la précarité.
Chacun, chez l'Abbé Pierre, vient « comme il est » et peut profiter d'un coin chaud où se restaurer et, un peu, se ressourcer. Il y a toujours -et ce n'est pas rien, loin de là!- une oreille attentive et à l'écoute de tes galères quotidiennes et/ou de ta bien trop longue misère.
J'exècre et j'abhorre ces discours trop faciles, qui avec une telle nonchalante évidence, nous expliquent combien en France, « certains profitent bien des aides ». De ces discours sur les pauvres qui « connaissent bien mieux le système que nous », « qui ont tous les trucs », ces « pauvres » qui sont « fainéants et ne veulent pas travailler ». Ces pauvres qui -pour peu- seraient à privilégier ! Et certes « ils profitent si bien du bon argent de nos impôts » « se la coule douce », etc. etc. Nous l'avons tous entendu : « en France, on ne crève pas de faim ! ». Soit ! Alors bon... si vous le dites. On y reviendra peut-être. La Journée Mondiale de la Misère (...) LOL !
Fondation Abbé Pierre, disais-je donc, un 17 octobre et les premiers frimas de l'hiver qui pointent leur nez. Un tableau pour l'occasion est présenté au fond du réfectoire ; tableau noir ou tableau blanc ? Je ne sais plus, mais se proposait à la participation de tous, s'ils en avaient la force, de répondre à cette simple question « La misère pour Toi, c'est Quoi ? »
Du haut de mes 26 ans, intello en errance, punk hippie qui se cherche, j'ai du écrire quelque chose dans ce goût : « la Misère ? N'est-ce pas l'échec de toutes les solutions ? ». Untel autre illustre anonyme, résuma la précarité d'une façon bien plus parlante que mon orgueilleuse définition. Pour lui, c'était clair, « c'est quand tu retourne 3 fois ton slip, car tu n'en as pas de propre à te mettre ». Sans équivoque.
Une autre définition pourrait être la suivante :
Misère, Nom Féminin, qui s'accorde à tous les genres : état où l'on ne possède pas le luxe de réfléchir à telles ou telles définitions ni au sens de tout ça à tel point accaparé par des problèmes et des problématiques qui finissent parfois par paraître cyniques, acerbes et ironiques.
« Quand tu t'endors, t'as pas un Franc ! »
« Quand tu te lèves, t'as pas un Franc ! »
IAM, Demain c'est loin
Impasse et résignation (...) mes Raisons d'être en Colère ?
Pourquoi n'existe-t-il aucun Rassemblement National (RN) des précaires ? Un regroupement de ces hommes et de ces femmes de tous poils, de toutes les couleurs ; de toutes les poisses mais aussi les enfants de la chance* ; pourquoi ne pas se rassembler pour s'essayer à changer l'état de faits ?
Je vous le dirais « en vérité en vérité »
« Nous sommes par bien trop divisés ! »
¤¤¤
Souvent soumis, très souvent bâtés et abrutis par cette équivalente propagande de marché. Non, je ne prends pas de faciles raccourcis. J'ai creusé et creuse encore. Encore trop souvent saisis d'immobilisme, seulement épris de l'espoir d'un jour « gagner gros » aux jeux ou bien aux courses. Misère, quand tu nous tiens, tu ne nous laisses guère le choix de nos destins. Je pourrais titrer des centaines de portraits, toujours sonnant justes ou justifiés. Un autre exemple : ceux asservis par la drogue et cela, qu'elle soit consommée ou bien vendue, car en effet dans les deux cas « tu sais », nous n'y sommes malheureusement que prédestinés. Est-ce vraiment un choix que d'en arriver là ? Non ! Ce n'est pas un raccourci polémique ! Appelons-ça « un non-choix » ! & oui ! J'y crois ! & oui ! On va se la faire belle sur « un dernier gros coup ! ».
Peut-être aussi allons-nous finir comme Edgar, à bout de souffle, comme « un type lambda ».
Les raisons de toucher le fond peuvent être nombreuses. Cela n'arrive pas qu'aux autres ! Je me souviens très jeune, j'ai rencontré un ébéniste on-ne-peut-plus qualifié, qui possédait sa boutique. Le temps faisant, les grandes chaînes qui proposaient des meubles plus modernes, entrainèrent la fermeture de sa boutique. Sa femme le quitte, puis l'alcool, puis, puis, puis... J'ai rencontré ce gars, un travailleur laborieux. Il tétait une bouteille, dernier refuge d'une vie qui s'effondre. On peut aussi citer ces patrons de PME qui gagnent moins que leurs propres ouvriers et qui -somme toute- persévèrent. Ceux-là n'ont pas le luxe d'aller manifester, banderoles brandies et poing levé. Aucune liste exhaustive ne peut être dressée de toutes ces situations possibles, vous aurez saisi le sens de ma démarche, du moins je l'espère. Au cas où, je reprends (...)
¤¤¤
« Quand on se tue à la tâche pour rien de la récolte »
« Normal que les vents portent la révolte ! »
IAM, les raisons de la colère
¤¤¤
D'ailleurs ? Pourquoi nous donnerait-on les outils de nous battre ?
Est-ce dans l'intérêt du maître que d'apprendre à son esclave ce qu'implique la Liberté ? Pourquoi éveiller en lui la conscience de son asservissement ou bien le sens d'exploitant & d'exploités ?
¤¤¤
L'homme enchaîné qui ignore le relief de sa condition ne se rebelle pas,
Il ne brisera donc pas ses chaînes.
¤¤¤
Parlons peu, mais bien : Ancilangue et Novlangue
Ou ce qu'est la Dépolitalisation par Pierre Bourdieu
1984 c'est aujourd'hui !
Cherche et Trouve !
# génération Tchernobyl – on finira pas tous débiles !
2023, c'est demain !
MDR, PTDR, LOL (sic)
Pour conclure cette prise à parti, je citerai notre cher Abbé Pierre qui propose une définition :
« Être misérable, c'est ne pas pouvoir être humain (...) »
(Joie de pauvre, édito, Faim & Soif, n°60)
« C'est autour du pain, fruit du labeur de tous, que l'on sait de nouveau que l'on est frères. Et rien d'autre ne nous est demandé que de l'être pour de vrai. »
(Les hommes de la terre, édito, Faim & Soif, n°13)
¤¤¤
Rendre plus Beau & Offrir à penser, ne me reste qu'à Vous saluer
et @ bientôt !
Textes : JoBNoJoB
Œuvres :
- Abstraction grise, rouge et noire (techniques mixtes, A4)
Collaboration de JoBnoJoB et Natacha Zils
- Abrasion sublime des corps (techniques mixtes, A4)
Liens :
Σχόλια