Loulou, Lyly, Lala, Hello-Hello à Toutes et Tous ! C'est scandaleux ! Je ne me tiens pas au programme annoncé pas plus que cette chronique ne traite, comme convenu initialement, du harcèlement scolaire. Autre provocation ? Je m'étais engagé à dénoncer certains déséquilibres sociaux qui existent encore et certaines autres mécaniques qui fragilisent les liens sociaux et dont on peut s'effarer. C'est certain, j'ai bien dévié de ma trajectoire de départ. Ma question centrale devait être celle de la précarité et mes réponses peuvent sembler ''hors-sujet''. Que voulez-vous, n'est-ce pas la vie d'artiste qui m'y incite ? Ou devrai-je dire, n'est-ce pas là, un avis d'artiste ?
A ma façon critique de certains rouages des systèmes socio-politiques, je ne pouvais vraiment pas continuer d'affirmer une telle prétention à l'analyse sociologique ! La tyrannie des rhétoriques est-elle du bois dont je me chauffe ? Les expressions écrites et picturales sont certainement des sujets sur lesquels je peux écrire un article, sans risquer d'être accusé d'usurpation ou d'un propos mal indiqué.
Et puis je vous avoue que mon bagout ne tient de fait qu'à cette passion qui me dévore : celle de créer, d'écrire, de peindre et de commettre ainsi de telles provocations ; et c'est bien de cette passion pour « LéZ'Art » que j'ai souhait de partager avec vous. Voici maintenant le titre et sujet de ma chronique de ces semaines :
« SCANDALEUSEMENT ARTISTES,
QUAND ILS BOUSCULENT LES CODES ! »
Sera le thème du ''number five'' ART&SOCIETE ou bien ne sera pas..
Ces derniers jours, mes livres de chevets sont La Théorie sur l'Art Moderne de Paul Klee, une Anthologie de vingt poètes américains en édition bilingue et, se partageant la 3ème place, les Ecrits sur l'Art de Charles Baudelaire et Le nuage en pantalon de Maïakowski. J'ai une traduction de ce long poème russe au lyrisme révolté qui double la version originale en alphabet cyrillique. Le tumulte naissant de ce nouvel article prend pour beaucoup sa source dans ce mélange iconoclaste de vers et de concepts artistiques.
Je ne reviendrai pas sur la censure que connût l'écrivain cité plus haut lorsque est paru son recueil Fleurs du Mal. Manet, Schiele, Malevitch, Picasso ou encore Duchamp, ils défrayèrent tous en leur temps la chronique. Certains choquèrent par leur manière de représenter la nudité où pour d'autres la cause du scandale fut l'originalité dont ils avaient fait preuve ! L'abstraction des images par exemple, grande nouveauté picturale au début XXème, provoqua chez les critiques et au près du public, colère, refus et exaspération. De nombreuses fois, des artistes -par l'expression sauvage des émotions qu'ils avaient su transcrire sur la toile- bousculèrent la coutume et les représentations auxquelles les bonnes moeurs semblaient s'être habitué.
Ce peut être difficile à concevoir de nos jours, nous sommes tellement amenés à voir des images multiples, qu'on imagine assez mal simplement pouvoir être ''choqué''. Et pourtant à cette époque, l'opinion publique n'hésite pas à taxer ces artistes en avance sur leur temps d'incompétence créative ou les accuse même d'être fou. Il est fréquent qu'à leurs premières expos, les nouveaux courants soient tout bonnement considérés inacceptables. Fréquent aussi que les tableaux soient décrochés, parfois détruits et les galeries se voient contraintes de fermer.
Quel est la place de l'artiste quand il secoue l'art coutumier et l'art pathétique et les représentations complaisantes ?
Où se situent les Arts quand ils bouleversent le classicisme ?
Quel(s) rôle(s) appartien(nen)t aux artistes ?
Je soulève ici ces questions sans prétendre en posséder les réponses ; il me paraît néanmoins important de questionner au sein de la Cité, le rôle de l'Art et de l'Artiste.
Schiele, par exemple fut arrêté et condamné pour atteinte aux bonnes mœurs et détournement, lorsqu'on découvre chez lui des dessins d'une jeune fille qu'il avait côtoyée. Le style et le trait qui sont maintenant les caractères de son talent, ont à l'époque déclenché des soupçons d'inceste et n'étaient pour ses pairs que les reflets d'un esprit si débauché qu'ils n'hésitèrent pas à régulièrement le malmener. Il est pourtant bon de savoir qu'à l'époque pour un peintre en étude, payer à la pose un modèle professionnel pour s'exercer au nu, était un luxe hors de prix. On comprend mieux pourquoi Egon demande notamment à sa soeur cadette, mais aussi à des filles de joie, d'être ses modèles. On sait l'importance pour cet artiste du travail sur le corps et la chair, avait-il oui ou non des goûts particuliers ? Cela appartient, à mon sens, à la vie privée de ce créateur. Restent les portraits à la nudité crue de sa soeur et des prostituées Viennoises qui -pour moi- restent de délicieux tableaux grivois et populaires dont la force charnelle est le meilleur atout.
On peut citer aussi l'oeuvre ''suprématiste'' Carré blanc sur Fond blanc de Kasimir Malevitch, qui fut tant décriée. La toile conservée au MoMa à New York, est aujourd'hui considérée comme une oeuvre majeure dans l'histoire de l'abstraction, quant à l'artiste, les historiens d'art salue encore volontiers son génie créateur. Malevitch au travers de cette peinture, veut dépasser l'abstraction, aller plus loin encore que son Carré noir sur Fond blanc. Il prétend à un art non-figuratif, qui ne représente pas la nature, mais qui est la Nature. On imagine aisément, en 1918, les réactions des publics férus d'art, bercés de réalisme et nourris d'impressionnisme, face aux premiers monochromes de l'histoire de l'art moderne.
J'évoquerai maintenant brièvement le sort des Demoiselles d'Avignon. Matisse, Braque et Apollinaire, lorsqu'ils découvrent le tableau, le perçoivent spontanément comme un acte de ''terrorisme''. Son artiste, Pablo Picasso, aurait voulu expressément s'opposer à l'idéal esthétique ayant alors cours, en présentant ce tableau qui représentent des femmes d'un bordel de Barcelone. Picasso y manifeste une recherche poussée sur l'essence de la création et de la pensée. Pour l'époque, la toile a un goût d'inachevé. Elle résulte pourtant d'un travail préparatoire qui compte plusieurs centaines d'esquisses.
Paraît-il la toile resta longtemps reléguée dans un coin d'atelier, rejetée par les critères de jugement de ses contemporains. Les Demoiselles d'Avignon est à présent unanimement considéré comme une oeuvre sensationnelle dont le mouvement cubiste entier affirme être héritier. La rumeur raconte qu'André Breton dût habilement convaincre Pablo de lui laisser en faire l'acquisition.
Qu'apprendre de ces provocations et de ces scandales intimes ou esthétiques dont les artistes nous rendent coutumiers ?
L'un des rôles-clés de l'artiste peintre serait-il de pousser la réflexion aussi loin qu'elle le puisse ?
Leur point commun, il me semble, est l'audace dont ils témoignent pour s'affranchir des conventions en place. Ils bousculent les codes académiques et, chacun à sa manière, ils repoussent les frontières des représentations. Ils ne craignent pas de contester les règle, encore faut-il le rappeler, qui étaient souvent dictées en premier lieu par le public amateur d'art, c'est à dire avant tout des aristocrates et une gente bourgeoise.
Les peintres scandaleux interrogent le cadre de la pensée commune, ils ouvrent le champ de la libre expression.
Ce sont des cris de liberté portés au pinceau !
Fort de 5 sens en avance sur le temps, un artiste cristallise-t-il la pensée de demain ?
La question reste posée.
Peut-on maintenant comprendre mieux le sens des événements que crée un artiste tel que Banksy ?
L'une de ses toiles mise aux enchères est adjugée pour une somme astronomique. A peine acquise, elle s'auto-détruit par un système ingénieux intégré au tableau. Autre provocation de l'artiste : il donne pour titre « Vous n'allez pas acheter cette m**** ? » à une toile. Et les collectionneurs se l'arrachent ! Une sévère critique du marché de l'Art dont il est paradoxalement l'enfant prodige.. Il reverse ses bénéfices à des actions humanitaires ou bien, malgré son succès et sa ''rentabilité'', il peint encore gratuitement des fresques dans l'espace public.
Mais quelle leçon tirer sur la valeur de l'Art et le rôle des artistes quand l'on apprend que l'acquéreur du Banksy autodétruit, a revendu ce qu'il en restait plusieurs la somme qu'il avait déboursé, grâce buzz provoqué par l'auto-destruction de l'oeuvre. Va savoir ? Demandez donc la Vie à un artiste !
Sans plus de détours @ bientôt toujours avec cette même idée
"Rendre + Beau et d'offrir à Penser"
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Par JoBNoJoB plus que jamais !*
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Pour info :
Le Collectif LéA (Laboratoire d'Expérience Artistique) bouillonne comme à son habitude, de nouveaux artistes s'en rapprochent. Nous travaillons actuellement à l'édition de notre auto-support papier, EXPR ABSTR, une revue culturelle hypervisuelle dans le trait. Le second numéro du magazine ne tardera plus à être imprimé. Au sommaire, mise en lumière de projets d'avant-garde, art expérimental, poésies et graphismes. Notamment... Je vous tiendrai évidemment informé.e.s de sa sortie.
Textes : JoBnoJoB
Crédits :
(1) toile d'Egon SCHIELE
(2) Carré blanc sur Fond Blanc de Kasimir MALEVITCH
(3) Les Demoiselles d'Avignon de Pablo PICASSO
(4) I Dream U Dreamed de JOBnoJOB
(Selportrait) Pastel gras by JobNOJob
#Maïakowski
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